Contrez l’inflation et mangez mieux en créant votre potager
Avec la situation économique actuelle et l’inflation galopante, de nombreuses personnes ressentent un grand besoin de tendre vers une plus grande autonomie alimentaire et de retrouver l’essence des aliments en cultivant elles-mêmes leurs légumes. Si vous souhaitez vous aussi récolter des carottes et des tomates fraîches cet été, vous devrez d’abord préparer le sol avant d’y planter quoi que ce soit. Voici les étapes à suivre pour préparer votre potager et ainsi obtenir une récolte abondante de légumes savoureux!
Un jardin potager peut prendre toutes sortes de formes. Toutefois, un potager carré ou rectangulaire est habituellement plus facile à intégrer à la plupart des terrains. Une superficie d’environ 36 mètres carrés (400 pieds carrés), soit 6 m sur 6 m (20 pi x 20 pi), est généralement suffisante pour cultiver la plupart des légumes pour nourrir une famille de quatre personnes à partir de la fin du printemps jusqu’à l’automne. D’autre part, il est bien de faire un croquis sur papier ou sur ordinateur de votre futur potager et d’y disposer les légumes que vous souhaitez y cultiver. Cela vous permettra de planter les végétaux dont vous avez réellement besoin. Choisissez un endroit bien ensoleillé de votre terrain pour y faire votre potager. Bien que certaines plantes comestibles arrivent à pousser à la mi-ombre, la majorité des légumes exigent plus de six heures d’ensoleillement.
Un potager est généralement composé de deux parties bien distinctes, soit les emplacements dédiés aux plantes – appelées planches de culture – et les allées nécessaires à la circulation. Afin que les plantes potagères s’enracinent profondément et qu’elles aient une production maximale, les planches de culture doivent être larges, profondes et surélevées. Chaque planche peut mesurer environ 90 cm (3 pi) de largeur sur une longueur variable. Une telle largeur permet d’avoir facilement accès au centre pour pouvoir désherber, fertiliser et récolter. D’autre part, la profondeur de sol meuble d’une planche de culture doit atteindre entre 40 et 45 cm (16 à 18 po).
Pour façonner une planche, il faut d’abord enlever le gazon qui recouvre le sol et ensuite ameublir la terre existante à l’aide d’une pelle-bêche ou d’une moto-bêcheuse jusqu’à une profondeur de 20 à 25 cm (8 à 10 po), puis ajouter par-dessus une quantité de terre meuble, excavée dans les allées, d’environ 15 cm (6 po) de hauteur. En ajoutant finalement une épaisseur de 5 cm (2 po) de compost à la surface de la planche, on obtient une profondeur totale de terre bien meuble allant jusqu’à 45 cm (18 po).
Les planches de culture peuvent être délimitées par des morceaux de bois, mais il a le désavantage de pourrir rapidement au contact de la terre. Optez donc pour le cèdre ou le chêne, deux essences réputées pour leur résistance à la pourriture, et assurez-vous de recouvrir la partie interne des parois avec une membrane géotextile. Assurez-vous finalement que les allées situées entre les planches soient étroites – 30 à 40 cm (12 à 16 po) de largeur – et recouvrez-les d’un géotextile ainsi que d’une épaisse couche de paillis afin d’éviter d’avoir à les désherber constamment. Les planches de culture, quant à elles, ne seront pas recouvertes de paillis.
Il n’est pas souhaitable d’éliminer la terre existante pour la remplacer par du terreau. En prenant soin d’y ajouter du compost, les terres sableuses et les terres argileuses peuvent devenir en quelque temps des sols de qualité. Le compost est un produit exceptionnel qui a des effets très bénéfiques sur le sol et les végétaux. Puisqu’il est riche en humus, le compost allège, ameublit et aère les terres argileuses souvent lourdes et compactes. De cette façon, il améliore le drainage de ces sols. Dans les terres sableuses, l’humus augmente la rétention d’eau et d’éléments nutritifs, ce qui a pour effet de ralentir l’érosion et le lessivage.
Si vous ne fabriquez pas votre propre compost, vous pouvez utiliser un compost commercial vendu en sacs, idéalement certifié par l’Alliance de la Qualité du Compost (AQC). Épandez une épaisseur d’environ 5 cm (2 po) de compost sur la surface du sol de chacune des planches de culture de votre potager, ce qui correspond à environ trois sacs de compost de 15 kg par mètre carré.
Finalement, vous devez incorporer le compost à la terre des planches avec une pelle-bêche ou à l’aide d’une moto-bêcheuse. Une fois le compost bien mélangé au sol, le niveau final de chaque planche doit idéalement excéder la hauteur des allées d’environ 20 cm (8 po). À l’aide d’un râteau, vous pouvez aplanir la surface de chaque planche de culture et en compacter les côtés, qui seront en pente légère. Vous pouvez aussi délimiter le périmètre des planches de culture avec des morceaux de bois.
La fertilisation n’est pas absolument essentielle à la santé et à la vigueur de la majorité des végétaux comestibles. De façon générale, les besoins en éléments nutritifs de la plupart des plantes comestibles sont satisfaits par un simple apport annuel de compost. Toutefois, les plantes comestibles qui sont particulièrement voraces, comme les aubergines, les concombres, les poivrons et les tomates par exemple, peuvent exiger d’être fertilisées.
En plus d’une bonne dose de compost, un apport d’engrais d’origine naturelle à dégagement lent riche en azote et en potassium – dont la formulation se rapproche de 5-3-8 – permet aux plantes potagères d’avoir une meilleure croissance et de produire davantage de légumes. Au moment de la plantation des légumes-fruits, fournissez environ 60 à 90 ml (deux à trois poignées) de cet engrais par plant ou environ 1 kg par 10 mètres carrés de surface de sol.
Il est également avantageux d’utiliser un champignon mychorizien lors de la plantation des végétaux comestibles. Le mycellium des champignons mycorhiziens se fixe aux plantes et agit comme une extension de leur système de racines permettant à ces dernières de mieux s’approvisionner en eau et en éléments nutritifs, leur assurant ainsi une floraison et une fructification plus abondantes. On doit simplement mettre une petite poignée de mychorize près des racines des plantes au moment de leur mise en terre.
Les plantes potagères les plus faciles à cultiver sont sans contredit les légumes dont on consomme les feuilles. Ainsi, si vous en êtes à votre première expérience, optez pour la culture de la bette à cardes, de l’épinard, du kale et de la laitue. D’autre part, la plupart des légumes-racines, tels que les carottes et les betteraves, ainsi que les pois et les haricots – nains ou grimpants – fournissent d’excellentes récoltes et demandent habituellement peu de soin.
Vous voudrez probablement aussi cultiver quelques tomates dans votre premier potager. Choisissez des cultivars productifs et peu affectés par les maladies, comme ‘Celebrity’ et ‘Sungold’ par exemple. Quelques plants de tomates indéterminés – trois à cinq – produiront suffisamment de tomates pour une famille de quatre personnes. Il est recommandé d’avoir un peu plus d’expérience avant d’intégrer des aubergines et des poivrons à un jardin puisqu’il s’agit de deux plantes particulièrement exigeantes.
Finalement, outre le basilic et la coriandre qui sont réputés pour être des plantes capricieuses, la majorité des fines herbes se cultivent aisément en compagnie de la plupart des légumes. N’oubliez pas finalement d’intégrer des fleurs qui produisent du nectar en abondance afin d’attirer les insectes pollinisateurs dans votre potager. De plus, certaines de ces fleurs, comme les capucines, les tagètes, les tournesols et les soucis par exemple, sont tout à fait comestibles!
Puisque c’est souvent moins coûteux que d’acheter des plants en pots dans une jardinerie, il est possible de semer certaines plantes comestibles soi-même, principalement par souci d’économie surtout en cette période de grande inflation. La majorité des fines herbes, des légumes-feuilles et des légumes-racines peuvent être semés directement en pleine terre à l’extérieur, vers la fin d’avril et en mai selon les régions. Quant aux haricots et la plupart des cucurbitacées (concombres et courges), on peut les semer à l’extérieur vers la mi-mai. Par contre, il est impensable de semer les aubergines, les poivrons ou les tomates à l’extérieur à la fin de mai ou en juin et espérer obtenir une récolte intéressante avant l’automne ! Dans ce cas, il faut absolument faire un semis à l’intérieur, sous éclairage artificiel de type DEL, six à huit semaines avant la sortie à l’extérieur.
La période idéale pour procéder à la mise en terre des plants de légumes d’origine tropicale comme les aubergines, les concombres, les poivrons et les tomates, correspond au moment où tout risque de gel est pratiquement nul dans votre région. À Montréal et dans plusieurs municipalités situées dans le sud-ouest du Québec, ce moment survient vers la fin du mois de mai, habituellement après le 20. N’oubliez pas d’acclimater vos plants à la température extérieure avant de les mettre en terre. Cette période d’endurcissement doit débuter quelques jours avant la plantation. Il vous suffira de placer vos plants à l’extérieur, à l’ombre légère, un peu plus longtemps chaque jour.
Bon jardinage et bonne récolte!
Texte d’Albert Mondor, horticulteur et biologiste.
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