Des conseils pour réussir vos semis de légumes
La pandémie a suscité beaucoup d’inquiétude dans la population quant à ses conséquences économiques et sociales. Certains craignant entre autres une crise de l’approvisionnement en fruits et en légumes. C’est pourquoi de nombreux citoyens se sont tournés vers l’agriculture urbaine afin de produire leur propre nourriture et viser ainsi une certaine autosuffisance alimentaire.
En effet, l’engouement pour le jardinage et l’agriculture urbaine est sans précédent. Selon certains sondages, une personne sur cinq a démarré un jardin au Canada en 2020. De plus, parmi les 3,5 millions de ménages québécois, quelques 2,9 millions pratiquent le jardinage, soit 83 %. De ce nombre, on estime que les deux tiers cultivent des plantes potagères et des fines herbes dans leur jardin ou sur leur balcon ! Bref, ce besoin qu’ont les citoyens de cultiver leurs propres fruits et légumes est bien plus d’une mode passagère mais bien un besoin profond.
La pratique de l’agriculture urbaine est assurément le meilleur moyen de gagner une certaine autonomie alimentaire et de réduire notre dépendance aux réseaux alimentaires industriels. Toutefois, avant de faire un potager, il faut faire des semis ! En plus du plaisir que procure le fait de faire ses propres semis, cette activité constitue un moyen économique et écologique de débuter un potager.
Voici donc quelques conseils pour bien réussir vos semis.
Il n’est pas nécessaire d’acheter un système de culture sophistiqué pour faire vos semis de légumes et de fines herbes. Il est tout à fait possible de faire vos semis dans de simples pots ou caissettes de plastique récupérés. Les contenants en plastique dans lesquels sont vendus le poulet BBQ et les salades mixtes dans les supermarchés constituent d’excellents contenants pour les semis.
Toutefois, il faut vous assurer que les contenants récupérés que vous utilisez soient parfaitement bien nettoyés, idéalement désinfectés avec de l’eau de javel – si ils ont déjà servi à faire des semis par le passé – afin d’éviter la propagation de maladies telles que la fonte des semis.
Le terreau que vous utilisez pour faire vos semis doit avant tout être léger, bien aéré et il doit retenir adéquatement l’eau et les éléments nutritifs. Évitez la terre noire et n’employez pas non plus la terre de votre jardin puisqu’en plus d’être possiblement porteuse de pathogènes elle est généralement trop lourde et trop peu aérée pour donner les résultats attendus.
Utilisez plutôt un substrat commercial vendu en sac et spécialement conçu pour les semis constitué principalement de tourbe de sphaigne. De plus, il est souhaitable que le terreau choisi contienne du compost et un champignon mycorhizien. Le mycellium des champignons mycorhiziens se fixe aux plantes et agit comme une extension de leur système de racines permettant à ces dernières de mieux s’approvisionner en eau et en éléments nutritifs, leur assurant ainsi une floraison et une fructification plus abondantes. Si le terreau que vous avez acheté ne contient pas de mycorhize, vous pouvez en ajouter une petite poignée et la mélanger au terreau lors du semis.
Les microroganismes bénéfiques apportés par le compost et la présence d’un champignon mycorhizien réduiront les risques que des maladies fongiques ou bactériennes se développent et attaquent les jeunes plantes fraîchement germées. Humidifiez bien le terreau avant de l’utiliser.
Une fois le terreau mélangé et humidifié, versez-le dans un contenant et égalisez bien sa surface en le pressant avec un petit morceau de bois. Plutôt que d’installer toutes les semences dans un même contenant, vous pouvez les disposer dans un contenant composé de plusieurs petits compartiments ce qui facilitera grandement la transplantation.
Les semences de certaines espèces de plantes potagères ne doivent pas être enfouies sous le substrat puisque la lumière est nécessaire à leur germination, tandis que plusieurs autres doivent être recouvertes d’une épaisseur de terreau d’environ 6 mm car elles ont besoin de noirceur pour germer ou, du moins, la lumière n’est pas nécessaire à leur germination.
De plus, pour éviter qu’elles soient étiolées, on effectue le semis de la plupart des plantes tropicales comestibles comme les tomates et les poivrons à l’intérieur en mars ou en avril, quelques semaines seulement avant la transplantation à l’extérieur. D’autres plantes comme les carottes, les laitues et les radis peuvent être semées à l’extérieur en mai, directement en pleine terre. Le semis intérieur est souvent inutile dans le cas de ces plantes adaptées aux climats frais.
Lisez attentivement les instructions indiquées sur chaque sachet de semences puisqu’on y spécifie, entre autres, si les graines doivent être recouvertes de terreau ou non, on y donne la température optimale de germination ainsi que le moment auquel doit être effectué le semis.
Si il vous reste des semences, scellez bien le sachet avec du ruban adhésif et placez-le au réfrigérateur dans un contenant en plastique hermétique; la plupart des semences peuvent rester viables pendant un peu plus d’un an.
La lumière du soleil qui pénètre par les fenêtres d’une maison ou d’un appartement n’est souvent pas suffisante pour assurer la bonne croissance de la plupart des plantes comestibles. C’est pourquoi il est recommandé d’effectuer vos semis sous des lampes fonctionnant avec des diodes électroluminescentes. Bien qu’elles ne soient parfaites, les DEL ont de nombreux avantages puisqu’elles sont écoénergétiques, recyclables, ne contiennent pas de mercure, émettent peu de chaleur et leur durée de vie peut dépasser 50 000 heures.
Les DEL utilisées dans les lampes conçues pour la culture des plantes se présentent souvent sous la forme de lanières sur lesquelles elles sont regroupées. On peut trouver sur le marché des lanières comprenant des diodes bleues, rouges et infrarouges, convenant parfaitement aux végétaux. Les longueurs d’ondes infrarouges – invisibles à l’œil humain – permettent entre autres de limiter les attaques de certaines maladies qui affectent les semis.
La majorité des semences germent bien si elles bénéficient d’une humidité constante et élevée, se situant aux alentours de 80 %. Pour éviter d’avoir à arroser sans arrêt, vous pouvez recouvrir vos contenants à semis de dômes de plastique transparent. En plus d’empêcher l’évaporation de l’eau, un tel dôme agit comme une serre en maintenant une température chaude et stable. Si des gouttelettes d’eau se forment sur les parois du dôme, il faut alors l’ouvrir légèrement durant quelques heures afin que le surplus d’humidité s’évapore.
Texte et photos de Albert Mondor, horticulteur et biologiste
Albert Mondor est horticulteur et biologiste. Passionné d’horticulture environnementale et d’agriculture urbaine, il conçoit et réalise des jardins et des aménagements paysagers originaux et extrêmes depuis près de 35 ans. En plus de donner des cours et des conférences à travers le Canada, il écrit une chronique hebdomadaire dans le cahier Casa du Journal de Montréal et dans le Journal de Québec depuis 1999. Il a aussi publié onze ouvrages portant sur l’horticulture et l’agriculture urbaine dont le livre Plates-bandes gourmandes au printemps 2019. De plus, il participe régulièrement à diverses émissions de radio et de télévision à titre d’animateur ou de chroniqueur, dont les caspules Le Jardinier branché diffusées sur Météo Média et sur Internet ainsi que l’émission Manger en compagnie de Boucar Diouf sur les ondes de la chaîne Explora. Il tient également un blog, une page Facebook et un compte Instagram sur l’horticulture extrême.
Ce projet a été financé par l’entremise du Programme Proximité, mis en œuvre en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, selon une entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.
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