La proximité : plus d’un goût dans son sac!
Prendre une bouchée, fermer les yeux et voir instantanément défiler des panoramas verdoyants de notre extraordinaire territoire. Prendre une bouchée encore, et sourire en se rappelant les cabrioles des chèvres au champ d’une ferme visitée, ou encore les blagues que Louis raconte derrière son kiosque au marché. La bouchée suivante, c’est la fraîcheur incomparable des fraises ou du fenouil qui vous frappe les papilles d’un plein fouet de bonheur gourmand. Cuisiner et savourer des aliments produits près de chez nous, c’est s’offrir des repas qui ont, en plus d’avoir peu voyagé, le goût de nos paysages et de nos saisons, la fierté de nos gens au savoir-faire impressionnant, le charme des liens qui ont été tissés avec les agriculteurs et artisans inspirants. En bref, nos repas deviennent mémorables grâce à l’irrésistible goût du sens que procure la proximité. Celle, géographique qui se mesure en « kilomètres alimentaires » qu’on cherche à réduire. Mais aussi celle qui relève de la proximité affective, qu’on cherche à faire grandir.
La proximité affective envers la nature, sa biodiversité et ses écosystèmes, qui offrent ce qu’il faut, quand on en prend soin, pour nourrir le sol et les communautés.
La proximité affective envers les agriculteurs, ces gens passionnés et passionnants qui habitent, vitalisent et protègent le territoire en le cultivant avec respect pour nous donner accès à des aliments de qualité produits localement.
Romantique, me direz-vous? Absolument!
Tisser des liens et développer de l’affection pour l’alimentation de proximité n’est pas anodin. On protège ce que l’on aime, et on aime ce qu’on connaît. Quand on développe des liens de proximité avec nos aliments (en s’intéressant à leur origine, à leur mode de production, à leur saison d’abondance, aux gens qui les ont produits, aux façons de les cuisiner…), on les aime davantage et on a à cœur d’en prendre soin, ce qui peut rimer tant avec une volonté de moins les gaspiller qu’avec le désir de protéger et de faire équipe avec ceux qui nous nourrissent : les agriculteurs et Dame Nature. Toucher les cœurs, c’est mobilisateur.
Faire équipe. Coopérer. Être partenaire. Avoir un rôle. Si la crise a éveillé ou stimulé un désir chez un nombre grandissant de personnes d’avancer sur le savoureux chemin de la proximité, c’est le temps de remplir son coffre à outils de trucs et d’astuces pour y arriver. En commençant par celui, fort simple, de laisser les saisons nous servir de guide pour inspirer nos menus.
« Mangez près », c’est une vision de l’alimentation, saine pour nous, pour l’environnement et la collectivité. Prendre de son temps pour s’informer, s’approvisionner et cuisiner, c’est terre à terre, humble, et motivé par l’amour et la gratitude. C’est jouer un rôle concret dans le système alimentaire vert, fier et solidaire qu’on souhaite voir se développer. Un système alimentaire qui se souvient et qui regarde en avant. Un système alimentaire nourrissant pour le corps et l’âme, en fraîcheur et en sens, pour tous.
Bon début de grosse saison des récoltes locales et bon appétit!
Julie Aubé est une nutritionniste passionnée par les saveurs du territoire québécois, l’agriculture durable et l’agrotourisme. Idéatrice des Événements Prenez le champ!, elle joue les entremetteuses en provoquant la rencontre des curieux gourmands avec les producteurs de chez nous. Formatrice et conférencière, elle collabore régulièrement à des magazines et à des sites web, en plus d’alimenter son site JULIEAUBE.com. En 2016, elle publiait le livre Prenez le champ! aux Éditions de l’Homme, et elle vient de faire paraître cet été, chez le même éditeur, son second livre Mangez local!, rempli de techniques et de recettes pour locavoriser son alimentation au fil des mois. Un petit guide aux grands espoirs d’outiller et d’inspirer à suivre le rythme des saisons au menu. Suivez Julie sur Facebook et Instagram.
Crédit photo: Ariel Tarr / Mangez local!
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