Binette et Filles : une marchande de fleurs qui se démarque
Myriam Binette a grandi au marché Jean-Talon, où ses parents vendaient leurs légumes. D’abord producteurs maraîchers, les Binette se sont tranquillement convertis à l’horticulture et à la fleuristerie, et leur kiosque saisonnier est devenu un des incontournables du marché. Quelques décennies plus tard, Myriam poursuit la tradition familiale avec son kiosque de fleurs coupées, situé au cœur du marché, et sa toute nouvelle boutique de plantes d’intérieur, donnant sur la Place du Marché du Nord.
Crédit photo : Daphné Caron
«J’ai passé mon enfance à Oka, dans nos serres, lance d’entrée de jeu la dynamique marchande de fleurs. Dès que j’ai pu, j’ai suivi mon père au marché. Je passais mes vacances de Noël à l’aider à fabriquer les boîtes à fleurs dans lesquelles on transportait nos plantes durant l’été.»
À l’époque, se rappelle-t-elle, sa famille cultivait essentiellement des annuelles pour les parterres fleuris. Quand les fleurs coupées se sont ajoutées à l’offre, Myriam, alors jeune adulte, a entrepris de faire les choses autrement, entre autres en permettant à la clientèle de faire ses propres bouquets.
Crédit photo : Dominique Viau
«J’ai eu envie de leur donner la possibilité de choisir, et c’est ce qui a fait ma réputation, au grand dam de mon père qui était de la vieille école et avait peur que les clients cassent les tiges», s’amuse-t-elle à dire, de la fierté dans la voix. Pour commencer, elle a inscrit le nom des fleurs et leur prix à l’unité sur les vases. La qualité des végétaux et le bouche-à-oreille ont fait le reste.
Père et fille ont ainsi fait équipe jusqu’en 2005, puis Myriam s’est réorientée en adaptation scolaire, une autre de ses passions. Pendant 10 ans, elle a travaillé auprès de jeunes aux prises avec des troubles de comportement, puis, naturellement, elle a renoué avec ses premières amours en retrouvant le marché. C’est ainsi qu’en 2015, après avoir été fermé pendant 10 ans, le kiosque floral Binette et Filles a repris vie, cette fois avec le soutien de collaborateurs hors pair qui veillent au grain quand elle séjourne aux Îles-de-la-Madeleine, où elle possède une maison et se rend de plus en plus souvent.
Même si Myriam a repris le jaune de l’ancienne enseigne, l’offre de Binette et Filles, elle, s’est adaptée aux nouvelles réalités du marché. À commencer par un souci de plus en plus marqué pour l’environnement. «C’est certain qu’il y a des valeurs sûres qu’on a toujours, comme les œillets, les marguerites ou les chrysanthèmes, énumère-t-elle, mais on tend le plus possible à aller vers des fermes équitables qui utilisent moins de pesticides, que ce soit dans la fleur coupée ou les plantes d’intérieur. Mes fleurs d’Équateur, par exemple, proviennent d’une ferme écoresponsable; je sais toujours qui a emballé les fleurs parce que sa photo se retrouve sur la boîte!»
Crédit photo : Dominique Viau
En saison, toutefois, elle privilégie les producteurs québécois, dont plusieurs sont installés à seulement quelques kilomètres de Montréal. La marchande fait aussi la part belle aux arrangements de fleurs d’ici séchées dans sa boutique, de même qu’aux créations d’artisans québécois, comme des vases et des cache-pots, une autre belle façon d’ajouter une couleur locale à son décor.
Crédit photo : Dominique Viau
À l’aube de ses 60 ans, Myriam Binette ne manque assurément pas de projets. En ce moment, celle qui est également autrice met la dernière touche à son troisième livre… puis ce sera déjà le printemps!
Crédit photo : Dominique Viau
Comment décrire le marché en quelques mots?
J’aime la vie qu’on y trouve. C’est comme une petite campagne en plein milieu de Montréal. Je ne voudrais pas d’une boutique ailleurs qu’au marché!
Un souvenir qui a marqué votre enfance au marché?
Quand j’avais 4 ou 5 ans, j’adorais aller flatter les lapins et les chèvres – à la fin des années 60, il y avait encore des animaux au marché Jean-Talon –, mais je me perdais tout le temps. Heureusement, des clients me reconnaissaient et me ramenaient au kiosque de mon père!
Un incontournable de vos boutiques?
Les mimosas! Durant la saison, qui s’échelonne de décembre à février environ, les clients font un détour pour acheter un bouquet! Mes tulipes de l’Île-du-Prince-Édouard, encore plus belles que celles de Hollande à mon avis, sont aussi très populaires pour Pâques et la fête des Mères.
Texte de Jessica Dostie, magazine Caribou
Photos de Dominique Viau, BODOÜM Photographie et Daphné Caron
VOIR TOUS LES PORTRAITS DE FAMILLE
La grande famille des Marchés publics de Montréal est forte des producteurs, des marchands et des artisans qui la composent. Depuis des années et des générations, ils se lèvent tôt, expérimentent, ratent parfois, recommencent tout le temps, veillent, récoltent et réussissent ! Jour après jour, ils se tiennent fièrement debout derrière leurs étals comme au bout d’une table où ils nous invitent à manger. Ils sont le cœur et l’âme d’un marché, l’essence de sa personnalité, la raison pour laquelle on a envie d’y retourner. La série Portrait de famille tient à rendre hommage et à raconter l’histoire de ces piliers de nos Marchés publics.
Ce projet a été financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation dans le cadre du Programme d’appui au développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire en région.
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