Giancarlo Bono: La famille qui plantait des sapins
Par un matin froid de novembre, alors que les rayons du soleil peinent à percer les nuages gris et que quelques flocons fendent l’air, le temps est au beau fixe au kiosque Sapins Chez Michel du Marché Jean-Talon. Avec un humour et une chaleur contagieuse, Giancarlo Bono et son frère Luigi s’affairent au milieu des sapins et autres décorations de Noël, comme l’ont fait leurs parents avant eux. La famille Bono est au cœur du marché de la Petite-Italie depuis plus de cinquante ans.
Vendant des fleurs et des légumes durant la belle saison, l’entreprise familiale passe aux sapins lorsque le froid s’installe. Une tradition solidement ancrée chez les Bono.
«J’ai passé ma vie dans les sapins», explique dans un éclat de rire Giancarlo, qui a commencé à aider ses parents dans les allées du marché alors qu’il n’avait que 8 ou 9 ans. Il en a aujourd’hui 39.
Ces trente ans de métier lui ont permis d’acquérir une connaissance aiguë de la vente, du service à la clientèle et de la culture de ces conifères.
Au kiosque Sapins Chez Michel, rien n’est laissé au hasard, que ce soit la disposition des sapins, les décorations ou encore la musique, qui varie en fonction du moment de la journée.
«C’est un art, résume avec un grand sérieux celui qui est aussi comédien à ses heures. Tout comme la vie est un art.»
Un art qui doit impérativement se déployer dans le plaisir, beau temps, mauvais temps.
«Si ce n’est pas un plaisir, tu ne fais pas cette job-là. C’est trop demandant et trop exigeant physiquement», dit le commerçant avant d’énumérer les aléas de la vente en plein air : le froid, les intempéries, les employés à guider, les journées de 12 heures…
Pour Giancarlo Bono, les joies du métier compensent amplement ces petits désagréments. D’abord, il y a la joie de travailler en famille avec ses frères Luigi et Antonino, comme il l’a fait plus jeune avec son père et sa mère, dont il parle avec amour et admiration. «Passer du temps avec ses parents, c’est un privilège», selon lui.
Puis, il y a la joie que procure le fait de «vendre du vivant». «Regarder quelque chose pousser, c’est une des plus belles choses qu’un être humain puisse vivre, affirme celui qui cultive une bonne partie de ses sapins sur la terre familiale de Weedon, en Estrie. Le rapport avec la terre, c’est direct. C’est la plus grande spiritualité, vécue à travers le corps et non la tête. Ce don de la terre créé un lien entre deux humains, moi et le client.»
Sapins Chez Michel a ses clients fidèles qui viennent choisir leur arbre année après année, parfois depuis des décennies. Là encore, le lien est précieux.
«Même si ça fait 11 mois et 29 jours que je n’ai pas vu un client, quand il arrive au kiosque, c’est comme si ça datait d’hier, raconte Giancarlo. Comme une amitié qui dure depuis longtemps. Le lien est tellement fort puisque ce qui nous unit, c’est le summum de l’année : Noël, la fête de l’amour.»
Une fête qui prend une importance renouvelée en cette époque de pandémie et de distanciation physique. Giancarlo Bono s’attend d’ailleurs à ce que les Montréalais décorent comme jamais pour contrer la morosité et la distance.
«Le manque de contacts humains n’aura jamais été aussi criant. Quand tu as un vide intérieur, tu dois le remplir. Noël peut servir à ça. La COVID fait réfléchir à ce qui nous lie, que ce soit la terre ou les humains. Il faut prendre soin de la qualité de nos liens et les Fêtes sont là pour ça.»
Giancarlo et ses frères se font donc un point d’honneur, encore plus cette année, à ce que le moment qu’ils passeront avec leurs clients pour le choix de leur sapin soit un moment mémorable.
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Texte de Benoit Valois-Nadeau, cariboumag.com
Photo de Daphné Caron
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