Potager asiatique: Les amoureux des légumes asiatiques du Marché Atwater
Savez-vous ce que goûtent les oreilles d’éléphant, le luffa parfumé, le melon amer et la fleur de courge asiatique? Si la réponse est non, il est grand temps de découvrir l’un des secrets les mieux gardés du Marché Atwater: le Potager asiatique, un kiosque tenu par M. Van de Huynh et Mme Thu Suong Nguyen, un couple de producteurs maraîchers aussi passionnés que charmants. Voici leur histoire émouvante.
Producteur maraîcher et propriétaire depuis quinze ans d’une ferme à Mercier, une municipalité de la Montérégie, M. Van de Huynh a grandi à la campagne dans le sud du Vietnam, près du fleuve Mékong, dans un contexte difficile. «À cinq ans, mon père est décédé. Nous n’avions pas d’argent. Je suis allé travailler dans les champs de riz pour gagner ma vie.»
En 1990, il a rencontré sa femme, qui avait grandi de l’autre côté du célèbre fleuve. «On s’est parlé un petit peu. J’ai immigré au Canada et nous nous sommes écrit des lettres pendant cinq ans. En 1995, je suis retourné au Vietnam pour le mariage. On ne s’était pas revu avant.» Un an plus tard, sa femme l’a rejoint au Québec. «On voulait changer de vie. Le Vietnam est un pays communiste. À l’époque, c’était dur de vivre là-bas.»
Une décennie après leur union, le couple a acheté sa ferme. «Au début, on faisait pousser des légumes simplement pour nourrir notre famille, indique le maraîcher. Je n’avais jamais cultivé de légumes au Vietnam, mais j’avais observé les cultivateurs de mon village. Je savais comment prendre soin du potager.»
Très vite, M. Van de Huynh a réalisé que les membres de l’importante communauté vietnamienne au Québec achetaient leurs légumes dans des commerces asiatiques qui importent leurs produits. «Ça coûte cher. J’ai voulu avoir un kiosque au Marché Atwater pour offrir des légumes plus accessibles, alors j’ai demandé mon permis en 2006.»
Se faisant un honneur de cultiver des légumes sans pesticides, les propriétaires du Potager asiatique n’ont pas peur des longues heures de travail. «Je sors travailler vers trois heures du matin, dit M. Van de Huynh. C’est plus facile de travailler la nuit avec une lumière. À midi, il fait trop chaud et on ne peut plus travailler.» Entre 3h et 10h le matin, il récupère les légumes pour la vente. Avec sa femme, il remplit le camion et se dirige vers le marché où il reste jusqu’en fin d’après-midi. Puis, il retourne aux champs jusqu’à 21h ou 22h. «Ce sont de très longues journées, mais je suis habitué. C’est rendu facile.»
Les étalages du Potager asiatique au Marché Atwater ont de quoi ravir les palais les plus fins. Les cultivateurs vietnamiens s’assurent d’ailleurs de transmettre leurs connaissances à tous ceux et celles qui se présentent à eux les yeux chargés de curiosité et d’interrogation. «Je commence en mangeant des morceaux d’un légume devant eux pour apaiser leurs craintes et je leur fais goûter», dit M. Van de Huynh en nous tendant un morceau d’épinard vietnamien extrêmement goûteux.
Depuis quelques années, il sent un intérêt grandissant à l’égard de ses produits. «Les Québécois voyagent de plus en plus au Vietnam. Ils découvrent des légumes là-bas et quand ils reviennent, ils veulent retrouver certaines saveurs.»
Afin de répondre à leurs nombreuses questions, le couple a préparé des fiches informatives sur les façons d’apprêter les produits et leurs usages médicinaux. Ainsi, on apprend que le melon amer, qui diminuerait selon eux le diabète et le cholestérol, peut être cuisiné en salade, en sauté, en soupe ou en omelette. Alors que le céleri vietnamien, qui aurait des effets positifs pour le foie et contre la haute pression, peut parfumer un sauté, une salade ou une soupe.
«Les enfants nous aident, mais je veux qu’ils se concentrent sur l’école, précise le père. Dans ma vie, je n’ai pas pu aller à l’école. C’est important pour moi qu’ils fassent des études. Âgé de 61 ans, le producteur de légumes vietnamiens est loin d’envisager la retraite. «Je pense faire mon travail encore plusieurs années. Tant que la santé va le permettre, je vais continuer.»
Texte de Samuel Larochelle, cariboumag.com
Photo de Alma Kismic
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