La famille Lussier: du sirop d'érable dans les veines!
Acériculteurs et agriculteurs depuis cinq générations, les Lussier puisent leur force dans la terre, les bois et leur incroyable complicité. Portrait de mordus de l’érable aussi attachants que passionnés par leur métier.
La saison des sucres n’est pas encore commencée que déjà, les Lussier s’activent sur les 206 arpents de bois pentus qu’ils possèdent à Saint-Damase, au pied du mont Rougemont. Dans la grande bâtisse, ils produisent chaque année environ 4300 gallons de sirop d’érable. C’est là, au cœur de ce paysage de champs recouverts de neige et de boisés, qu’ils nous ont conviés à les rencontrer.
En entrant dans l’ancienne gare du village, un monument historique qu’ils viennent de totalement rénover pour en faire une boutique gourmande, on a immédiatement l’impression d’être invités à un repas du dimanche en famille. René, le père, est assis à table et taquine gentiment France, son épouse, qui est en train de tester sur le grand comptoir en bois une nouvelle recette de tarte au sucre qu’elle compte vendre au marché Jean-Talon, où les Lussier ont un kiosque depuis 32 ans. Deux de leurs trois grands enfants, Andrée-Anne et Alexandre, qui prendront la relève, sont là aussi. Andrée-Anne aide sa mère en cuisine, tandis qu’Alexandre berce Adam, son adorable poupon de neuf mois, non loin du poêle à bois.
La conversation s’engage et on comprend très vite ce qui fait des Lussier, qui travaillent tous ensemble sur cette terre comme au marché, une famille aussi unie et harmonieuse : ils vouent tous une passion sans borne à l’érable. «On est animés par notre métier, confirme France. Et les enfants, ils sont nés dans le sirop. Alexandre est même tombé littéralement dedans quand il était petit!»
Est-ce que c’est ce petit accident sucré qui a convaincu ce dernier de poursuivre la tradition familiale? Amoureux de skateboard, de motocross et d’ambiance urbaine, Alexandre était maçon lorsqu’il a décidé de se joindre, en même temps que sa sœur, à l’entreprise familiale. «J’ai tout appris avec mon grand-père et mon père», nous expliquera-t-il un peu plus tard en nous faisant visiter cette érablière aux 11 000 entailles qu’il connaît comme le fond de sa poche. «C’est mon rêve qui embarque sur les leurs, et je trouve que c’est très valorisant.»
Il est souriant, heureux de son choix, comme Andrée-Anne, qui se lève presque chaque jour à quatre heures du matin pour tenir le kiosque au marché. «C’est naturel pour moi tout ça, dit-elle. Je ne me tanne jamais. Je suis toujours contente de me rendre là-bas. Ça bouge tout le temps au marché. Et on est une famille qui a beaucoup d’énergie!»
D’ailleurs, le clan Lussier ne s’arrête pas au quatuor soudé qui nous fait face. Au marché, Andrée-Anne travaille avec ses cousines, ses tantes, des amis. Et les tomates ancestrales du kiosque proviennent de la terre située juste en face de l’érablière, propriété de son autre frère, Dominic. Bref, la famille, c’est important chez les Lussier.
Ce qui ne veut pas non plus dire que les Lussier restent figés dans les traditions, bien au contraire. L’ancienne sucrerie en bois a cédé sa place à des installations modernes, et l’entreprise devrait recevoir une certification biologique dès l’an prochain. France et Andrée-Anne ont aussi continuellement des idées pour élargir la gamme de produits d’érable vendus au marché. «Cette année, à la boutique, on va notamment proposer du sirop en barrique de bourbon. On voudrait aussi concocter du beurre d’érable à la fleur de sel ou au café, pourquoi pas?» lance la dynamique Andrée-Anne.
Sûrement pas une mauvaise idée, puisqu’au fil de notre visite, nous apprenons que le beurre d’érable, la spécialité par excellence d’Alexandre, aussi doué en transformation qu’en acériculture, plaît tellement qu’il s’en vend plus de 10 000 pots chaque année! «C’est simple, l’été, je ne fais presque que ça pour pouvoir répondre à la demande!» indique-t-il.
Toute cette énergie familiale se concentre finalement autour d’un objectif : élaborer les meilleurs produits possibles et suivre, voire anticiper, les tendances. Il suffit de jeter un coup d’œil aux portraits des membres de la famille dessinés sur les étiquettes des bouteilles de sirop d’érable pour comprendre que chez les Lussier, la famille est au cœur du tout, de l’érablière aux produits finis. «Nous préparons tout artisanalement ici, et ne voudrions pas faire autrement», souligne France, sortant du four sa tarte au sucre qui sent si bon. Il est temps de se régaler en compagnie de cette attachante famille!
Trois mots pour décrire le marché…
Oh, c’est difficile de la résumer à trois mots! Je dirais familial, diversifié et producteurs pour le marché. Quant à notre stand lui-même, il est jeune, dynamique et chaleureux.
Votre plus beau souvenir du marché…
Il y en a tellement! Je me souviens par exemple, alors que j’étais plus jeune, quand mon père arrivait au marché avec les maïs sucrés du jour. C’était comique de voir toutes les mamans italiennes presque courir derrière son truck pour être sûres d’en avoir!
Votre aliment préféré quand vous étiez enfant… Pourquoi?
Personnellement, j’ai toujours été une carnivore, j’aime la viande. Mais dans la famille, nous aimons tous vraiment les tomates. Ce n’est pas pour rien que mon frère Dominic en cultive aujourd’hui!
Pour faire plus ample connaissance avec cette attachante famille, rendez-leur visite à leur kiosque du Marché Jean-Talon, ouvert à l’année, et suivez leurs aventures sur Facebook, Instagram et même Tik Tok! Envie de goûter leur fameux beurre d’érable en restant à la maison? Rien de plus simple avec leur nouvelle boutique en ligne, où vous trouverez toutes sortes de produits du marché!
Texte de Sophie Ginoux, cariboumag.com
Photos de Daphné Caron
Découvrez les autres PORTRAITS DE FAMILLE
La grande famille des Marchés publics de Montréal est forte des producteurs, des marchands et des artisans qui la composent. Depuis des années et des générations, ils se lèvent tôt, expérimentent, ratent parfois, recommencent tout le temps, veillent, récoltent et réussissent ! Jour après jour, ils se tiennent fièrement debout derrière leurs étals comme au bout d’une table où ils nous invitent à manger. Ils sont le cœur et l’âme d’un marché, l’essence de sa personnalité, la raison pour laquelle on a envie d’y retourner. La série Portrait de famille tient à rendre hommage et à raconter l’histoire de ces piliers de nos Marchés publics.
Ce projet a été financé par l’entremise du Programme Proximité, mis en œuvre en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, selon une entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.
Partagez...
Haut de page