Marché des Saveurs : Vitrine sur le terroir d'ici
Pionnier des produits locaux, Le Marché des Saveurs du Québec, ouvert en juillet 2000 au marché Jean-Talon, a pavé la voie afin de rendre plus facilement accessibles les créations de petits artisans agroalimentaires régionaux. Et le magasin de spécialités de notre terroir demeure encore aujourd’hui une destination privilégiée pour faire le plein de produits d’ici — parfois exclusifs — et, surtout, de bons conseils pour les cuisiner.
Le Marché des Saveurs du Québec, c’est d’abord et avant tout une histoire de famille. Celle de Suzanne Bergeron et Tony Drouin, instigateurs du projet il y a un peu plus de 20 ans, mais aussi de leur fille Isabelle, qui a depuis repris le flambeau de pair avec son conjoint, Simon Beaudoin.
« Nous étions encore aux études, se souvient-il. Les parents d’Isabelle, qui étaient des pionniers des alcools québécois et avaient un magasin au marché Maisonneuve, m’avaient embauché pour les épauler dans la mise en place d’une nouvelle boutique dédiée aux produits locaux et la gestion du chantier.
Finalement, je me suis accroché les pieds dans la place, comme on dit, et je ne suis jamais parti! » Tout comme Isabelle, qui les a rejoints peu de temps après avoir terminé un baccalauréat en gestion des ressources humaines. « Je ne m’imaginais pas faire carrière dans le commerce de détail, mais je me suis rendu compte que travailler dans un bureau cinq jours par semaine, ce n’est pas pour moi », renchérit celle qui aime aller à la rencontre des clients en boutique.
Il faut se remettre en contexte : au tournant des années 2000, les produits du terroir québécois étaient quasi introuvables. « Il fallait se déplacer en région, indique Simon. À Montréal, il n’y avait pas de place pour ça, même s’il commençait à y avoir de la demande. Le timing était bon. » Et les artisans ne se sont pas fait prier pour trouver une place sur les tablettes. « C’était eux qui nous approchaient », évoque-t-il.
Déjà à l’époque, le Marché des Saveurs se donne pour mission de devenir un espace de découvertes culinaires. « Quand on a ouvert, c’était nouveau pour tout le monde, rappelle Simon. « On a donc pris l’habitude de répondre à beaucoup de questions, complète Isabelle. C’est notre rôle d’être là et d’essayer de trouver réponse à tout, même aux questions les plus pointues. Ç’a toujours fait partie de l’ADN du magasin. » C’est aussi pourquoi la clientèle demeure fidèle année après année.
D’ailleurs, les deux propriétaires se plaisent à penser que leur commerce se distingue encore et toujours grâce à l’expertise et aux connaissances des produits des quelque 400 artisans et transformateurs régionaux, microbrasseurs, cidriculteurs et vignerons qu’ils ont développées avec leur équipe ces 20 dernières années. « Les artisans avec qui on travaille n’ont plus de secret pour nous. Je dirais que le service à la clientèle est devenu notre spécialité, souligne Simon. Aujourd’hui, les gens viennent chez nous parce qu’on sait comment bien les conseiller. »
C’est vrai : s’il est plus facile aujourd’hui de se procurer des confitures artisanales, marinades, huiles, vinaigres, mélanges d’épices nordiques, champignons séchés, sauces, farines, granolas, fromages ou vins québécois en ligne, voire en épicerie, il n’y a là personne à qui s’adresser quand on a des questions. Personne n’est mieux placé que les spécialistes du Marché des Saveurs pour nous dire comment apprêter nos câpres de boutons de marguerite ou quel vin orange québécois mettre sur notre table pour accompagner un plateau de fromages d’ici!
Isabelle et Simon étaient vraiment aux premières loges quand l’engouement pour le local a pris son élan. « Ça ne fait pas si longtemps, une dizaine d’années peut-être, que le phénomène de l’achat local s’est accéléré, observe Simon. Nous avons eu la chance d’être témoins de la naissance de plein de filières. » Et de la multiplication des points de vente dédiés aux aliments d’ici. Ils ont d’ailleurs même pavé la voie à la vente de produits alcoolisés artisanaux dans les commerces de détail. Une bonne chose, selon le duo : « Les produits régionaux rayonnent maintenant comme ils le devraient », se réjouissent-ils.
Pour se démarquer, le Marché des Saveurs compte sur une offre unique et exclusive composée entre autres de mets cuisinés sur place (pâtés, rillettes, jambon, tourtières…) et d’œufs fermiers de poules en liberté provenant de petits producteurs que l’on « s’arrache ». « Pour les œufs, on doit prendre les réservations! » s’exclame Isabelle.
Le comptoir de fromages, vaisseau amiral du magasin, a quant à lui évolué et gagné en profondeur avec quelque 225 fromages d’ici (surtout) et d’ailleurs, en plus de plusieurs exclusivités, comme l’occasionnelle meule de Louis d’Or 3 ans de la Fromagerie du Presbytère ou certaines créations fromagères de la ferme Mariposa, en Ontario, qu’on ne trouve nulle part ailleurs. « C’est la seule catégorie où on s’est assouplis pour ajouter des fromages qu’on ne fabrique pas au Québec, comme le parmesan, afin de répondre à la demande », explique Simon, précisant que le comptoir compte tout de même 90 % de fromages québécois dont plusieurs sont bio.
Question de se distinguer encore davantage, l’équipe a récemment intégré un comptoir de la boucherie Dans la Côte et boucher David Aghapekian. Sa spécialité : les viandes locales issues de petits producteurs québécois, comme le porc de la Ferme Lennon, pour ne donner qu’un exemple. « Le projet ultime, qui a été ralenti en raison de la pandémie, sera d’ajouter un volet restauration à notre comptoir boucherie où les clients pourront manger un sandwich tout en discutant avec les bouchers », annonce Isabelle, précisant que pour le moment, les sandwichs sont « pour emporter » seulement. « Notre objectif, c’est que les gens entrent ici et vivent une expérience globale et distinctive. »
Votre plus beau souvenir du marché?
Faire le marché avec ma grand-mère. C’est grâce à elle si j’aime cuisiner et suis soucieuse de la qualité et de la provenance des produits que j’achète.
Quels produits retrouve-t-on au Marché des Saveurs depuis l’ouverture de la boutique?
Il y en a plusieurs : les vins de L’Orpailleur, les produits de Gourmet Sauvage, les tartinades de Simon Turcotte Confiturier et la farine de La Seigneurie des Aulnaies, par exemple. On a commencé avec 30 producteurs et on en a maintenant plus de 400.
Le produit local qui se trouve toujours dans votre frigo?
Du fromage! Parce que c’est un produit de base très polyvalent et qu’on adore ça.
Jessica Dostie, magazine Caribou
Photos de Dominique Viau, Bodoüm Photographie
La grande famille des Marchés publics de Montréal est forte des producteurs, des marchands et des artisans qui la composent. Depuis des années et des générations, ils se lèvent tôt, expérimentent, ratent parfois, recommencent tout le temps, veillent, récoltent et réussissent ! Jour après jour, ils se tiennent fièrement debout derrière leurs étals comme au bout d’une table où ils nous invitent à manger. Ils sont le cœur et l’âme d’un marché, l’essence de sa personnalité, la raison pour laquelle on a envie d’y retourner. La série Portrait de famille tient à rendre hommage et à raconter l’histoire de ces piliers de nos Marchés publics.
Ce projet a été financé par l’entremise du Programme Proximité, mis en œuvre en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, selon une entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.
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