Patrick Rémillard: La relève de la Ferme Jacques et Diane
Six générations de Rémillard ont laissé leurs traces sur la ferme de Saint-Michel-de-Napierville, en Montérégie. Après que Louis, Adrien et Alphonse aient cultivé à la sueur de leur front les terres agricoles de père en fils, Jacques, et sa femme Diane ont inscrit il y a 45 ans leur nom sur l’enseigne de la ferme Rémillard. Un an plus tard, ils ouvraient un kiosque fort apprécié au Marché Jean-Talon. Aujourd’hui, leur fils Patrick est prêt à prendre le flambeau… tout comme leurs deux petits-enfants, Annabelle et Jeremy.
Né en 1983, sept ans après le rachat de la ferme familiale par ses parents, Patrick Rémillard n’a jamais imaginé devenir autre chose que cultivateur. « J’ai seulement travaillé sur la ferme, dit-il. Quand j’étais jeune, dès que je rentrais de l’école, j’allais dans les champs. Je participais aux semences, à la récolte et à l’entretien, en plus de conduire les tracteurs. Ça a toujours été ma vie. »
Il a ainsi pris conscience très tôt du chemin parcouru par les produits de la terre. « Quand j’allais au restaurant, enfant, je savais que les légumes dans mon assiette n’avaient pas poussé sur les tablettes d’un magasin. Je connaissais tout le travail qu’il y avait derrière. »
Lorsqu’il a étudié en production horticole au Centre professionnel des Moissons de Beauharnois, il avait une longueur d’avance sur ses collègues. « Dans chaque classe, il y avait au moins dix étudiants qui n’avaient jamais travaillé sur une ferme. Moi, j’avais déjà la base. Je suis allé chercher des connaissances supplémentaires, mais j’ai toujours dit à mes professeurs qu’on ne peut pas apprendre l’agriculture dans un livre. Le manuel va donner des conseils, mais jamais prédire ce qui va se passer dans la vraie vie. Il faut se fier à son instinct et à son expérience. »
Du vécu, Patrick Rémillard en a, tant dans les champs qu’au kiosque de la Ferme Jacques & Diane du Marché Jean-Talon. « À six ans, je venais déjà travailler au marché. J’ai des clients dont je connais les membres de la famille sur trois générations. Et plusieurs d’entre eux m’ont connu à l’âge qu’ont mes enfants présentement. »
Annabelle et Jeremy Rémillard, respectivement âgés de 11 ans et de 7 ans, l’accompagnent de plus en plus au travail. « Ma fille aime beaucoup m’aider au marché. Mon gars est un peu comme moi : dès qu’il arrive de l’école, il court à la ferme. Ça va peut-être changer, mais j’aimerais ça qu’ils suivent mes traces. »
Lui-même travaille encore étroitement avec ses parents plus âgés, mais toujours très énergiques. « Mon père et ma mère sont encore très actifs! Ils ne ralentissent pas beaucoup la cadence. Le jour où ils vont prendre leur retraite, c’est sûr que ça va être différent, car présentement, ils sont tout le temps avec moi. Je vais m’assurer de continuer sur notre lancée. »
Un élan pris en 1975, lorsque Jacques et Diane ont délaissé la production animale de leurs ancêtres pour se concentrer sur la production de légumes. « Au début, la ferme produisait seulement des patates et des oignons, explique Patrick. Maintenant, on cultive près de 25 sortes de légumes : cinq variétés de betteraves, du panais, six variétés de radis, des tomates, des poivrons, du brocoli, du chou-rave, du céleri-rave, des salsifis, plusieurs types d’oignons, entre autres.»
Les producteurs maraîchers suivent avec bonheur l’évolution des goûts des consommateurs. « Quand les clients découvrent des légumes en voyage et qu’ils veulent les avoir à Montréal, on essaie de trouver des semences. Parfois, on leur dit de nous en rapporter s’ils retournent sur place. C’est le cas de nos oignons de type Cévennes, une région de France. Des habitants du secteur envoient des semences à des clients qui nous les transmettent. »
D’autres fois, des immigrants tentent de retrouver certaines saveurs de leur pays d’origine. « Ils nous disent de quel pays ils viennent et ce qu’ils mangeaient là-bas. Ils communiquent avec leur famille pour obtenir des semences et on les cultive. On essaie de se renouveler le plus possible! »
Cette relation étroite avec les clients du marché Jean-Talon se construit année après année, semaine après semaine, jour après jour, depuis 44 ans. Entre le début mai et la fin juin, les Rémillard vendent des plants pour les jardins. Puis, ils reviennent avec leurs légumes de la fin juillet à la fin novembre, du jeudi au dimanche. « Je sème jusqu’au 25 septembre des épinards, des radis et d’autres légumes qui poussent vite, et on récolte jusqu’à la mi-novembre, voire un peu plus pour étirer la saison! »
Texte de Samuel Larochelle, cariboumag.com
Photos de Daphné Caron
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