
Bio Locaux: l’union fait la force!
Chaque petite ferme biologique a sa couleur, sa vision et ses nombreux défis. Pour les relever, certains producteurs misent sur l’entraide et la solidarité! C’est le cas des fermiers qui se partagent l’espace Bio Locaux au Marché Maisonneuve afin de s’offrir une mise en marché collective et une meilleure conciliation entre le travail aux champs et la distribution de leurs produits.
Le kiosque Les Bio Locaux regroupe trois fermes d’ici qui ont à cœur d’offrir des produits frais et certifiés biologiques qui proviennent directement de leurs champs et jardins : la Ferme des Arpents roses, Terre fruitière et la coop La Ferme Trotteuse. On les trouve au Marché Maisonneuve tous les week-ends, du vendredi au dimanche, de juin à la fin octobre. C’est Gabrielle, la gérante, qui s’occupe de tenir le kiosque extérieur pour les agriculteurs occupés aux champs durant ces mois d’abondance. Elle entretient le contact avec la clientèle, constituée surtout d’habitués qui reviennent chaque semaine.
C’est aussi Gabrielle qui a la tâche de faire connaître les produits des trois fermes. La Ferme des Arpents roses, située à Sainte-Mélanie, dans Lanaudière, propose du porc de pâturage et 40 espèces de légumes biologiques. Au choix : carottes, rabioles, herbes, oignons, ail, tomates, kale, topinambours…
La jeune ferme maraîchère Terre fruitière, elle aussi certifiée biologique par Ecocert Canada, est quant à elle reconnue pour ses pommes. Elle espère aussi développer sur sa terre de Dunham, en Estrie, une petite culture de prunes ainsi que de poires européennes et asiatiques.
La coop La Ferme Trotteuse, aussi biologique, est établie à Sainte-Marie-de-Blandford, au Centre-du-Québec. La Trotteuse utilise, pour des considérations écologiques et économiques, une méthode devenue marginale au Québec : les chevaux de traction, dont elle tire une grande fierté. En plus de ses légumes, la ferme offre du poulet de pâturage et des œufs de poules en liberté. C’est Louis Ménard, associé de La Trotteuse, qui a initié le projet Bio Locaux au Marché Maisonneuve.
« Je souhaitais participer à une mise en marché collective pour donner de l’essor à mon entreprise et accéder aux clients de Montréal, qui ne sont pas dans ma zone de distribution », indique-t-il. Présent au Marché Maisonneuve depuis quatre ans, il a d’abord dû trouver des producteurs intéressés à se lancer avec lui dans ce projet, en collaboration avec la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPE).
« En groupe, on peut se répartir les tâches et on a pu embaucher une employée qui gère le kiosque. En raison de la distance, ça n’aurait pas été envisageable pour nous d’être présents à Montréal autrement », dit M. Ménard, dont les principaux points de vente sont à Trois-Rivières et à Victoriaville.
Les Bio Locaux opèrent sous une bannière commune au Marché Maisonneuve, partagent une plateforme web et vendent leurs fruits et légumes bios en paniers ou, tout simplement, à l’étalage. Cette mise en commun permet à ces petites fermes en croissance d’écouler des produits pour lesquels ils n’ont pas d’espace et d’augmenter ainsi leur production. Si une ferme connaît une mauvaise récolte, une ferme partenaire peut assurer le volume, et le groupe peut ainsi continuer à offrir une variété de produits intéressante à la clientèle du Marché Maisonneuve tout au long de la saison.
« C’est aussi une belle façon pour les producteurs qui démarrent de collaborer avec des fermes qui ont plus d’expérience et peuvent faire du mentorat en mise en marché », explique Caroline Poirier, présidente de la CAPE. Louis Ménard le confirme : « Toutes les semaines, nous nous parlons. C’est alors facile de poser des questions quand on a un pépin. »
Leur présence au Marché Maisonneuve permet également aux producteurs – qui viennent de trois régions assez éloignées les unes des autres – de diversifier leur clientèle. « À Trois-Rivières, l’offre de paniers biologiques prépayés du programme des fermiers et fermières de famille est quasi saturée. La demande n’est pas aussi foisonnante qu’à Montréal, explique Louis Ménard. Pendant la pandémie, tous les restaurants qu’on desservait ont fermé, tandis qu’à Montréal, ç’a été la folie pour tout ce qui touche l’achat local. Ç’a super bien été au marché l’an dernier! La diversification de nos canaux de commercialisation permet d’être plus résilients, et on peut réussir à traverser des tempêtes comme celle qu’on a connue récemment. » Comme le dit le vieil adage : l’union fait la force!
Trois mots pour décrire le Marché Maisonneuve?
Frais, fruité, sympathique.
Vos produits incontournables au marché?
Toutes les pommes bios de Terre fruitière, le pourpier potager des Arpents roses et les fraises bios de La Trotteuse.
Vos aliments préférés durant votre enfance?
Les carottes au miel et gingembre de ma mère, la tarte aux bleuets du Lac-Saint-Jean de ma grand-mère – et, évidemment, sa tourtière du Lac aussi!
À propos de la CAPE
La Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPE) a été fondée en 2013 par une poignée de jeunes fermiers qui désiraient échanger sur le métier. En 2020, la coopérative a pris le relais d’Équiterre pour chapeauter le Réseau des fermiers et fermières de famille, qui compte 141 fermes certifiées biologiques (ou en précertification). Achats collectifs, rencontres et formations, autoconstruction et, bien sûr, mise en marché collective via Les Bio Locaux, comme c’est le cas au kiosque du marché Maisonneuve, font partie des services offerts par la CAPE.
Un texte de Sophie Allard, magazine Caribou
Photos de Dominique Viau, BODOÜM Photographie
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La grande famille des Marchés publics de Montréal est forte des producteurs, des marchands et des artisans qui la composent. Depuis des années et des générations, ils se lèvent tôt, expérimentent, ratent parfois, recommencent tout le temps, veillent, récoltent et réussissent ! Jour après jour, ils se tiennent fièrement debout derrière leurs étals comme au bout d’une table où ils nous invitent à manger. Ils sont le cœur et l’âme d’un marché, l’essence de sa personnalité, la raison pour laquelle on a envie d’y retourner. La série Portrait de famille tient à rendre hommage et à raconter l’histoire de ces piliers de nos Marchés publics.
Ce projet a été financé par l’entremise du Programme Proximité, mis en œuvre en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, selon une entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.
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