Semez et plantez vos légumes
Plusieurs personnes croient qu’il est nécessaire d’attendre la toute fin du printemps pour semer et planter un potager à l’extérieur. N’attendez surtout pas le mois de juin pour semer et planter des végétaux comestibles dans votre potager puisque, mis à part quelques plantes potagères tropicales comme les tomates, plusieurs légumes résistent bien aux températures fraîches printanières. Voici la description des méthodes de semis et de plantation que quelques-uns des légumes les plus populaires.
Le semis ou la plantation des betteraves peuvent être effectués quelques semaines avant les derniers gels printaniers, soit dès la fin d’avril dans la grande région de Montréal. Les betteraves apprécient le plein soleil ainsi qu’un sol argileux amendé de compost et bien drainé. On doit mettre les semences en terre à une profondeur d’environ 13 mm (1/2 po). La récolte des betteraves se fait habituellement 60 jours après le semis mais on peut aussi récolter les jeunes feuilles 15 à 20 jours seulement après la germination, afin de les manger en salade.
Le semis en pleine terre des carottes peut être effectué trois à quatre semaines avant le moment où tout risque de gel est nul. Dans la grande région montréalaise, il est possible de semer ce légume dès la fin d’avril afin d’obtenir une récolte hâtive. En faisant deux ou trois semis successifs, en avril, en mai et en juin, la récolte se prolongera ainsi jusqu’à l’automne. La carotte apprécie le plein soleil, mais elle est aussi l’une des rares plantes potagères qui tolèrent l’ombre légère. Elle pousse bien dans un sol léger et frais, bien ameubli et amendé de compost. Il faut mettre les semences de carotte en terre à une profondeur d’environ 1 cm (1/2 po). Comme les semences sont minuscules, il est très difficile de les distancer convenablement. L’idéal est d’acheter des semences de carottes enrobées d’argile ou disposées dans un ruban de papier biodégradable. Vous pouvez aussi simplement essayer d’espacer votre semis le mieux possible et, ensuite, laisser tous les plants en place sans faire d’éclaircissage. Cependant, les carottes que vous récolterez seront de dimensions variables. Selon les cultivars, la récolte se fait habituellement de entre 50 et 70 jours après le semis. D’autre part, certains jardiniers s’astreignent à éclaircir les plants en coupant ceux en surplus à l’aide de ciseaux mais des études ont démontré que le fait de couper ou de toucher beaucoup le feuillage des carottes aurait pour effet d’attirer davantage la mouche de la carotte. L’utilisation d’agrotextiles et le compagnonage avec les oignons sont deux bons moyens d’éviter les attaques de cet insecte.
Si vous souhaitez cultiver vos plants de concombres à partir de semences, sachez que le semis se fait à l’intérieur, environ trois semaines avant la transplantation au jardin. Le semis peut aussi être effectué à l’extérieur avec succès, après le dernier gel prévu lorsque la température du sol est à 15 °C ou plus. Dans tous les cas, les graines doivent être enfouies à une profondeur d’un peu plus de 1 cm sous la surface du terreau et espacées d’environ 50 cm. Gardez en tête que le concombre est une plante grimpante – elle peut aussi ramper au sol – qui nécessite passablement d’espace. Si vous préférez plutôt acheter vos concombres en pots dans un jardinerie, choisissez des plants compacts et vigoureux, âgés de quelques semaines et, surtout, exempts de maladies. Plutôt que d’opter pour des plants en caissettes de styromousse, il est recommandé d’acheter ceux qui sont présentés dans des contenants individuels qui font au minimum 10 cm de diamètre afin d’améliorer les chances de succès lors de la transplantation. N’oubliez pas d’acclimater vos plants de concombres à la température extérieure avant de les mettre en terre. Cette période d’endurcissement doit débuter quelques jours avant la plantation. Il vous suffira de placer vos plants à l’extérieur, protégés du soleil d’après-midi, un peu plus longtemps chaque jour. Que vous les cultiviez en pot ou en pleine terre, les concombres ont besoin de beaucoup de soleil et de chaleur ainsi que d’un sol riche en humus, léger et frais. En contenant, un terreau à base de compost, de tourbe de sphaigne et de perlite leur convient parfaitement. Cultivez-les dans des grands pots, idéalement de couleur noire afin de maintenir la température du terreau élevée. En pleine terre, il faut vous assurer de mélanger beaucoup de compost au sol existant, assurément quelques pelletées par plant. N’oubliez pas également de mélanger de la mycorhize et de l’engrais à la terre au moment de la plantation. Ajoutez quelques poignées (100 ml par plant) d’un fertilisant naturel granulaire à dégagement lent riche en azote et en potassium (formulation 5-3-8). L’inconvénient majeur de la culture du concombre est que celui-ci est fréquemment attaqué par la chrysomèle, un insecte jaune strié de noir dont la larve est rouge orangé. La chrysomèle a une préférence pour le concombre mais elle mange aussi le feuillage et les fleurs de la plupart des végétaux faisant partie de la famille des cucurbitacées (citrouille, courges et melon). Malheureusement, en plus de dévorer les plants, cet insecte est vecteur de maladies comme l’oïdium et le flétrissement bactérien, disséminant ces maladies partout où il passe faisant ainsi jaunir, flétrir et mourir le feuillage des concombres. Pour vous débarrasser les adultes et les larves à l’aide d’un aspirateur d’atelier ou un aspirateur à piles portatif. Vous pouvez aussi protéger vos plants de concombres des chrysomèles à l’aide d’un agrotextile – une sorte de voile translucide qui protège les plantes des insectes sans toutefois empêcher la lumière du soleil de toucher leur feuillage. D’autre part, pour prévenir l’apparition de maladies telles que l’oïdium et le flétrissement bactérien, vous pouvez aussi vaporiser le feuillage de vos concombres chaque semaine, dès le début de la saison, avec un biofongicide à base de Bacillus subtilis, une bactérie inoffensive pour l’humain mais capable de détruire certaines espèces de champignons et de bactéries pathogènes.
Le kale est en fait un chou dont les feuilles frisées ne prennent pas une forme pommée. Puisqu’il est particulièrement résistant au froid, on peut semer les graines de ce légume à l’extérieur dès la mi-avril. Les semences doivent être mises en terre à une profondeur de 13 mm (1/2 po). Il est aussi possible de transplanter au jardin des semis de kales qu’on a partis soi-même à l’intérieur. Le kale a une préférence pour les terres argileuses riches et humides exposées à six heures d’ensoleillement et plus.
Comme elle tolère mal les chaleurs estivales, il est préférable de faire le semis de la laitue en pleine terre dès la fin d’avril ou en mai afin de pouvoir effectuer la récolte avant la mi-juillet. Qu’on le cultive au plein soleil ou à la mi-ombre, ce légume-feuille pousse bien dans un sol léger et frais, bien ameubli et amendé d’un peu de compost.
Le pak choi – aussi appelé bok choy – est un proche parent asiatique du chou qui possède des tiges et nervures blanches. Cette plante réputée pour sa tolérance au froid peut être cultivée tôt en saison, en avril et en mai. Le semis hâtrif permet d’éviter que ce légume subisse les chaleurs estivales qui ont généralement pour effet d’initier sa floraison et d’altérer sa qualité gustative. ‘Asian Delight’, ‘Canton’ et ‘Joi Choi’ sont d’ailleurs quelques variétés qui ne fleurissent pas aussi rapidement à l’arrivée du temps chaud Le pak choi apprécie le plein soleil et un sol léger riche en compost, frais et bien drainé. La transplantation étant difficile, mieux vaut faire un semis directement en pleine terre. La récolte du pak choi se fait rapidement, soit à peine 45 à 50 jours après le semis.
Puisqu’ils tolèrent particulièrement bien le froid, les pois mangetout peuvent être semés dès la fin d’avril dans la région de Montréal. Il n’est pas nécessaire d’attendre la production de fruits pour consommer cette plante. Trois à quatre semaines après le semis, on peut déjà récolter les jeunes pousses.
Qu’on les cultive en contenant sur une terrasse ou en pleine terre au potager, les poivrons doivent être plantés à l’extérieur une ou deux semaines après le moment où tout risque de gel est pratiquement nul, ce qui correspond habituellement à la fin de mai ou au début de juin selon les régions. Au potager, plantez-les dans un sol enrichi de compost, meuble et bien drainé, dans un endroit bien protégé des vents dominants et très ensoleillé. Si vous préférez plutôt les cultiver en pot, on recommande alors de planter les poivrons dans un terreau composé compost et de tourbe de sphaigne. Dans ce cas, optez pour des cultivars trapus produisant des petits fruits, tels que ‘Lunbox’ ou ‘Mini Bell’. Avant de procéder à la plantation, coupez les deux premières feuilles du bas de chaque plant. Vous pourrez ainsi enterrer une portion d’environ 10 cm de la tige de vos plants. Cette technique garantit un meilleur enracinement et favorise la formation d’un vaste système de racines qui pourra puiser davantage d’eau et d’éléments nutritifs. Comme les tomates, les poivrons sont des plantes particulièrement voraces. Au moment de la plantation, fournissez à chaque plant trois à quatre poignées (100 ml) d’un engrais granulaire naturel à dégagement lent, riche en azote et en potassium, dont la formulation a un ratio de rapprochant de 5-3-8. Vous pouvez également ajouter un champignon mycorhizien lors de la plantation. Il est avantageux d’utiliser ce produit lors de la plantation des plantes potagères exigeantes telles que les aubergines, les poivrons et les tomates. Ce stimulant de croissance agit comme une extension du système de racines des plantes et permet à ces dernières de mieux s’approvisionner en eau et en éléments nutritifs, permettant entre autres d’obtenir une floraison et une fructification plus abondantes et de meilleure qualité.
Contrairement à la majorité des plantes potagères, les pommes de terre ne sont pas propagées par semences. Pour obtenir une récolte, vous devrez donc mettre des tubercules en terre, achetés au supermarché ou chez un semencier. 10 à 15 jours avant la plantation à l’extérieur, placez les tubercules dans un endroit lumineux – sur le comptoir de votre cuisine par exemple – afin de les faire germer. Ensuite, vous pourrez les planter en pleine terre en mai, au moment où le pissenlit fleurit, soit environ deux à trois semaines avant le dernier gel prévu. Vous pouvez planter les petits tubercules directement dans le sol sans avoir à les couper. Toutefois, les tubercules plus gros doivent être tranchés en morceaux qui ont la grosseur d’un œuf et qui comprennent au moins une jeune pousse chacun. N’oubliez pas d’enduire les plaies avec du soufre avant de planter vos tubercules. Les tubercules doivent être disposés à une profondeur d’environ 10 cm et être distancés de 30 cm. Laissez un peu plus de 60 cm entre les rangs. La pomme de terre affectionne les terres légères, profondes et riches, situées au plein soleil. Avant de planter, enrichissez le sol avec du compost.
Puisqu’ils tolèrent particulièrement bien le froid, les radis figurent parmi les légumes qui peuvent être semés le plus hâtivement au potager, soit dès le dégel du sol en avril. Comme leur croissance est très rapide on peut espérer effectuer la récolte des radis une trentaine de jours seulement après le semis.
En mai, il est malheureusement trop tard pour semer des tomates. Vous devrez donc opter pour des plants vendus dans les jardineries. Les plants de tomates doivent être installés dans un sol très riche, meuble et bien drainé, exposé au plein soleil. La période idéale pour procéder à la mise en terre des plants de tomates correspond au moment où tout risque de gel est pratiquement nul dans votre région. Dans la grande région de Montréal et dans plusieurs municipalités situées en zone 5 ce moment survient vers la fin du mois de mai, habituellement après le 20. À Québec et dans certaines autres régions situées en zone 4, on doit habituellement attendre la toute fin de mai ou le début de juin pour effectuer cette opération. Dans les régions plus nordiques, il est préférable d’entreprendre la plantation des tomates vers la mi-juin. N’oubliez pas d’acclimater vos plants à la température extérieure avant de les mettre en terre. Cette période d’endurcissement doit débuter quelques jours avant la plantation. Il vous suffira de placer vos plants à l’extérieur, à la mi-ombre, un peu plus longtemps chaque jour. Si vous les cultivez en pleine terre, on recommande de planter les tomates dans un terreau composé d’une moitié de terre existante et d’une moitié de compost. Si vous cultivez vos tomates en pot, assurez-vous de les disposer dans de grands contenants et de leur fournir un terreau riche, constitué de compost, de tourbe de sphaigne et de perlite. Que vous cultiviez vos tomates en pleine terre ou en pot, ajoutez au terreau deux ou trois poignées d’un engrais naturel à dégagement lent – riche en azote et en potassium – dont la formulation est proche de 5-3-8. De plus, le collet de chaque plant doit être placé à quelques centimètres sous le niveau de la surface du sol existant. En prenant soin de couper les feuilles fixées à la tige principale, vous pouvez même enterrer les deux premiers noeuds. Cette technique garantit un meilleur enracinement et favorise la formation d’un vaste système de racines qui pourra puiser davantage d’eau et d’éléments nutritifs.
Texte de Albert Mondor, horticulteur et biologiste.
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